Les coulisses
La patte de Nassim évidente pour cette histoire de Clotaire, un grognard picard de la première guerre qui porte sur son visage les traces de son lourd passé dont on se sort pas indemne. Perdu entre sa fierté, ses certitudes passées et les questions, les doutes sur la justification de tout ça, il voit son malaise s'amplifier avec le sentiment que la mémoire vivante que lui-même représente va disparaitre avec lui... bientôt.
Le texte est au centre de la chanson à l'arrangement monmixien, un crescendo avec une ambiance plutot lourde et peu de répit. Beaucoup de cordes, de la distorsion, des choeurs, un peu de piano et un final en envolées pour accompagner les pensées confuses de Clotaire... Une chanson comme Monmix aime les faire... et qui n'a aucune chance de passer la radio!
Paroles
Je m'appelle CLOTAIRE,
je suis un enfant de la guerre
Je veux témoigner, aujourd’hui
Je suis fils de l'apocalypse
je voudrais laisser une empreinte
Pas une lettre, ni de mots
Mais juste mes cicatrices
Je suis une gueule cassée,
un visage brisé
Un visage au passé décomposé
Je porte l'horreur sur ma figure
comme une blessure
Mon âme torturée pleure
devant l’image dans ce miroir
Qui m'envahit d'effroi
J’ai connu, j'ai vu, j'ai entendu
le calvaire de mes frères d'arme,
J’en ai pleuré, j’en ai pleuré des larmes
Des larmes si seches, qu’elles en empêchent
Toute délivrance de cette insoutenable souffrance
Dans ce lit de camp, mes yeux croisaient
le regard si tendre de l’infirmière
qui soulageait mon corps en désordre
comme un baume, comme une prière
Les gemissements, murmures etranges
de mes frères moribonds à mes cotés
Resonnaient comme des louanges
hurlées en silence au monde entier
Je m'appelle CLOTAIRE,
je suis un enfant de la terre
La terre de mes pères, une terre dont je suis si fier,
une mère nourricière
que je bénis et qui soulage nos corps meurtris
Je suis un t’chiot de Picardie
je ne suis qu’un t’chiot d’ici
Je suis, je suis,
je ne sais plus vraiment qui je suis
Mais non, je ne suis pas un enfant de la guerre,
ma tête se perd
Dans cet immense tourbillon,
le bruit assourdissant des canons
Ai-je donne mon âme au démon
J’ai peur de comprendre,
j’ai peur d’apprendre
Jusqu’ou ira la folie des hommes,
Jusqu'à quel délire, jusqu'à quel pire
J’aime mon pays, j’aime ma patrie
Mais est-ce que tout ca valait ce prix,
est-ce que tout ca valait nos vies
Quand notre drapeau déposé
sur tous ces corps mutilés
portait déjà la couleur du sang,
moi, j’y ai même senti l’odeur du sang
Quel sens faut-il donner
à toutes ces croix alignées
Sur les champs rouges de coquelicots,
honneur, orgueil ou ideaux
Alors tant que j’en aurai la force,
avant que le diable ne m’emporte
J’irai raconter notre histoire,
de victoires au goût amer d’abattoirs
J’irai montrer mon visage
sur les chemins de Picardie et d’ailleurs
En dernier témoignage de mes frères
de leurs peurs et de leurs pleurs
Quand ma gueule cassée reposera,
Que l’on écrira mon nom Clotaire,
sur une petite croix de pierre
Alors, il ne vous restera que ces petits cimetières,
pour entretenir nos lumières
Par vos pensées et vos prières
